Kennedy Space Center en Floride

Kennedy space center en Floride
Ci-dessus : Kennedy space center à Cape Canaveral, Floride.

Au large de l'agglomération de Titusville, la presqu'île de Cape Canaveral paraît jalousement gardée derrière ses grillages et barbelés. On la rejoint par une seule et unique route qui peut être fermée à la circulation certains jours exceptionnels, lorsque la NASA procède au lancement d'engins spatiaux.

Bien qu'il se visite, le John F. Kennedy Space Center (KSC) n'est pas un parc d'attractions mais le véritable centre de lancement de la NASA, National Aeronautics and Space Administration, comprenant les zones de préparation des navettes et les pas de tir. Si les opérations sont supervisées de Houston, Texas, tous les engins spatiaux sont lancés de cette presqu'île floridienne. Un choix stratégique en cas de lancement raté : tout autour, il n'y a que de l'eau. A l'ouest, le golfe du Mexique. A l'est, direction vers laquelle sont orientés tous les lancements, l'océan Atlantique.

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Créé en 1959, le centre spatial Kennedy a vu se dérouler les plus grands exploits et les pires catastrophes de l'histoire de la conquête spatiale. Des premiers pas d'Armstrong sur la lune le 20 juillet 1969 à l'explosion de la navette Challenger le 28 janvier 1986 suivie de celle de la Space Shuttle Columbia le 1er février 2003.

Pas de tir à Cape Canaveral
Ci-dessus : Un pas de tir à Cape Canaveral depuis la tour d'observation LC 39.

14'000 personnes travaillent ici, parmi lesquelles les astronautes, à l'ombre de ses hauts bâtiments gris un peu austères... que vous ne visiterez pas. Les touristes ne sont pas autorisés à pénétrer à l'intérieur des « vraies » installations de la NASA.

Au Kennedy Space Center Visitor Complex, les visiteurs se contenteront de reconstitutions – tout à fait spectaculaires - et de petits bouts d'une grande histoire, celle de la conquête lunaire. Une sorte de « musée-parc d'attractions » alternant sensations fortes (simulation de l'entraînement suivi – subi ? - par les astronautes) et salles d'exposition démesurées, renfermant par exemple une véritable fusée lunaire Saturn V. Mais aussi un morceau de pierre lunaire (que l'on peut toucher), jeep lunaire, capsule Apollo, etc. Pour en savoir plus, référez-vous à notre rubrique ci-dessous « Attractions au Kennedy Space Center ».

Mercury Control Center
Ci-dessus : Salle de contrôle des missions Mercury (1961–1963).

Visite du Kennedy Space Center, tours en bus

Le Kennedy Space Center Visitor Complex renferme plusieurs sites éloignés les uns des autres de plusieurs miles. Pour les relier, les touristes sont invités à grimper à bord de bus partant tous les quarts d'heure du « Bus boarding » derrière le bâtiment « Space Center tours » à quelques pas de l'entrée principale (tout de suite à droite en arrivant).

Plan du Centre spatial Kennedy
Ci-dessus : Plan du Centre spatial Kennedy.

Évidemment... on pourrait se contenter de rester dans les alentours de l'entrée principale. Quelques attractions sensationnelles phares se regroupent ici mais ce serait une grave erreur. Ces 2 à 3 heures de balade en bus – comprises dans le prix de la visite - vous conduisent au cœur de l'agence nationale la plus populaire du pays, empruntant le même parcours que les navettes spatiales prêtes à être lancées. C'est surtout le seul moyen de pénétrer dans la « restricted area » des zones de lancement, habituellement fermée au public. Parcours commenté par de sympathiques chauffeurs qui connaissent forcément le lieu comme leur poche et l'agrémentent de commentaire personnels et anecdotes.

Headquarters Building, Quartiers des membres de l'équipage

On frôle les bâtiments-bunkers où les prochains astronautes qui partiront explorer l'univers sont placés en quarantaine, l' « Operations and Checkout » accolé au « Headquarters Building », où se regroupent toutes les têtes pensantes de la NASA.

Launch Complex 39, Vehicle Assembly Building

Mythique, le « Launch Complex 39 » comprenant le « Vehicle Assembly Building », l'un des plus larges bâtiments du monde, capable de renfermer des engins d'une taille démesurée. C'est en effet dans ce haut rectangle austère et dépourvu de fenêtres, visible dans plusieurs films à succès, que furent assemblées treize des fusées les plus légendaires de l'histoire spatiale : les navettes Saturn V du programme Apollo. Parmi lesquelles, le 16 juillet 1969, celle qui accomplira le défi fou d'un certain programme « Apollo 11 » et entrera dans la légende le 20 juillet, lorsque l'homme posera le premier pas sur la lune.

Vehicle Assembly Building, Kennedy Space Center
Ci-dessus : Le « Vehicle Assembly Building » (160 mètres de haut).

Zones de lancement, plateforme d'observation

Le conducteur du bus raconte tout ça tandis que le convoi poursuit sa route. Toujours au cœur d'une zone interdite au public se profile une occasion unique d'approcher les « Launch pads », les pas de tir 39A et 39B du Centre spatial Kennedy. Ceux-là mêmes qui continuent, chaque jour, à écrire l'histoire spatiale. Et nous avons de la chance. De la plateforme d'observation à 360°C de la « LC-39 Observation Gantry », nous devinons le ballet des employés de la NASA préparant l'un des deux pas de tir pour un nouveau lancement, qui sera effectué avec succès quelques semaines plus tard.

Launch Complex 39 Pad A
Ci-dessus : Le complexe de lancement 39A de la NASA.

Merritt Island, refuge animalier

Et le bus repart. Nouveau véhicule (ils sont nombreux à tourner en permanence, on attend jamais longtemps aux bus stations), nouveau conducteur, ou plutôt conductrice qui met cette fois l'accent sur la nature surprenante du lieu. Le bruit ahurissant des lancements ne semble pas incommoder la faune et la flore tout à fait exceptionnelles qui se développent sur cette île (Merritt Island, jouxtant Cape Canaveral) dont moins de 10% de la surface est colonisée par l'homme. Tout autour s'étire un sanctuaire animalier, « Wildlife Refuge », strictement protégé par le gouvernement. Drôle de cohabitation entre ce que la technologie fait de plus pointu et ce que la nature fait de plus rare.

Notre chauffeuse est très fière de nous indiquer, dans un arbre bordant la route, le nid d'un couple d'aigles royaux. Cet animal, symbole de l'indépendance américaine, est extrêmement rare. Aujourd'hui, le nid est vide mais levez les yeux, il est possible d'observer cet aigle d'une envergure exceptionnelle tourner dans le ciel.

Apollo-Saturn V Center

Halte suivante, le clou du spectacle. L' « Apollo-Saturn V Center » retrace l'épopée de la conquête lunaire. Le mythe Apollo est à fleur de doigt mais avant d'y pénétrer, on se retrouve propulsés au cœur d'une salle de contrôle du lancement d'une fusée Saturn du programme Apollo. Ordinateurs, téléphones, écrans de contrôle d'un autre temps. Les portes se ferment, la lumière baisse et le décompte commence. Derrière nous, les vitres se mettent à trembler avant que toute la salle ne s'embrase. Rouge brûlant, orange vif. On s'y croit, les moteurs sont allumés. Le bruit est assourdissant. 3 – 2 – 1 – 0 : la fusée Saturn vient de partir. Les portes s'ouvrent.

Apollo launch control room
Ci-dessus : Apollo launch control room.

Un peu sonnés, on pénètre dans un hangar gigantesque. Gigantesque, car la NASA n'a pas hésité à suspendre ici son plus bel exploit. Au-dessus des têtes des visiteurs, la véritable fusée Saturn V déroule ses 111 mètres de long, 10 mètres de diamètres. Taille réelle, prouesse réelle ; cette fusée-là a conduit des hommes sur la lune et reste à ce jour parmi les machines les plus complexes et les plus puissantes jamais réalisées par l'homme. A l'ombre de Saturn, une multitude d'objets ayant participé à l'aventure lunaire : le mini-van que les astronautes empruntaient pour rejoindre les pas de tir, immortalisé maintes fois par Hollywood, leur costume, leur véhicule jeep lunaire, la capsule Apollo mais aussi un véritable morceau de pierre de lune que les visiteurs sont invités à toucher. Étonnant.

Fusée Saturn V
Ci-dessus : Fusée Saturn V.

Avant de quitter le Centre Apollo-Saturn V », n'hésitez pas à vous engouffrer dans le cinéma situé à la sortie. A grands renforts d'archives vidéo, d'effets lumières, sons et multimédias, le film projeté ici revient – of course – sur les programmes Apollo. La salle est plongée dans un décor recréant la surface lunaire sur laquelle est simulé l'alunissage d'un équipage Apollo.

Combinaison spatiale de la NASA
Ci-dessus : Une combinaison spatiale exposée au Apollo-Saturn V Center.

International Space Station Center

Des étoiles plein les yeux – ouais, c'est facile - retour à la bus station. Quelques miles encore et dernière halte devant une reconstitution de la station spatiale internationale, l' « International Space Station Center ». A l'étage, on observe la salle où sont assemblées les géantes pièces tandis qu'au rez, on se balade dans les étroits boyaux emboîtés les uns aux autres, on s'amuse devant les ingénieuses toilettes et douches capables de gérer l'apesanteur, on s'émerveille devant cette fabuleuse coopération internationale, symbolisée par les drapeaux de chacun des pays ayant participé au projet apposés au fuselage des modules de la station. On est loin, très loin de la guerre froide qui a pourtant exacerbé les velléités de conquête spatiale et contribué à dessiner quelques uns de ses plus beaux exploits (lire plus bas « Early Space Exploration, Spoutnik »).

Station spatiale internationale au Kennedy Space Center
Ci-dessus : Reconstitution de la station spatiale internationale (ISS).

Tours en bus : bons plans, infos pratiques

Vous serez tenté de louer un audioguide à votre arrivée. Généralement, on aime bien ces « guides audio » narrés de façon intelligente dans plusieurs langues (on retrouve généralement le français). Ils amènent souvent d'intéressantes informations complémentaires, ponctués de témoignages, mais à la NASA, il s'est révélé décevant, se contentant de traduire les panneaux anglais décrivant les attractions.

Les tours en bus – très, très recommandés - commencent dès 10h. Ils partent toutes les 15 minutes. Attention, dernier départ à 15h30. Durée : 2-3 heures selon le temps que vous souhaitez passer aux divers arrêts suggérés le long du parcours. Toutes les étapes sont facultatives mais toutes sont, encore une fois, vivement recommandées. Ce parcours en bus est le seul moyen de pénétrer dans la très exclusive « restricted area » de la NASA et ses zones de lancement.

Les « Space Center Tours » sont compris dans le prix général d'entrée au Kennedy Space Center Visitor Complex. 50$ par personne de plus de 12 ans, 40$ par enfant de 3 à 11 ans.

Attractions et curiosités au Kennedy Space Center

Avant ou après le « Space Center Tour », tour très VIP des installations de la NASA habituellement fermées au public, prévoyez encore 2-3 bonnes heures pour explorer les nombreuses attractions regroupées autour de l'entrée principale du Kennedy Space Center Visitor Complex. La plus courue et la plus spectaculaire se cache tout au bout du Visitor Complex.

Shuttle Launch Experience

La « Shuttle Launch Experience » vous propose rien de moins que de vivre le lancement d'une navette Shuttle, coaché par de véritables astronautes, parmi lesquels le Commander Charlie Bolden. Rassurez-vous, ce n'est qu'une simulation mais elle promet de retranscrire, au plus près, les sensations des astronautes dans un décor forcément plus vrai que nature. 1,20 mètre minimum. Fortement déconseillé aux femmes enceintes et personnes souffrant de maladies cardiaques. Ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas participer à la simulation peuvent tout de même y assister d'une « observation room » (les enfants doivent être accompagnés). L'accès à la « Shuttle Launch Experience » est inclus dans l'entrée générale au Visitor Complex.

Shuttle Launch Experience, Kennedy Space Center
Ci-dessus : Shuttle Launch Experience au Kennedy Space Center.

Rocket Garden, Early Space Exploration, Spoutnik

A quelques enjambées de là, deux cinémas IMAX, plusieurs salles d'exposition, le « Rocket Garden » littéralement « jardin de fusées », étonnant, piqué de tous les modèles de fusées envoyées par la NASA dans l'espace ; des programmes Mercury à Apollo, en passant par Gemini.

Rocket Garden, Kennedy Space Center
Ci-dessus : Le « Rocket Garden » au Kennedy Space Center.

Citons encore, à côté du « Rocket Garden », le « Early Space Exploration », un musée qui se consacre aux exploits qui ont précédé l'exploration lunaire d'Apollo. On est surpris de s'y voir accueillis par un drapeau communiste géant et pourtant, ce sont bien les Soviétiques qui ont, très tôt, ouvert la voie de cette épopée spatiale. Bonne joueuse, la NASA a jugé légitime de consacrer quelques salles de cette exposition aux exploits de ses anciens ennemis jurés. Et quels exploits !

En octobre 1957, l'URSS lance avec succès Spoutnik 1 qui devient le premier satellite artificiel tournant autour de la Terre. Tandis que l'Amérique frémit, l'URSS surenchérit moins d'un mois plus tard en plaçant en orbite le premier être vivant de l'histoire, une chienne nommée Laïka. Elle survivra 7 heures avant de mourir d'une façon controversée, asphyxiée ou volontairement empoisonnée dans le but de lui épargner des souffrances en pénétrant le brasier de l'atmosphère, on ne le saura sans doute jamais. Mais son comportement tant psychique que physique a livré de précieuses informations ; d'abord en observant la réaction de l'organisme de la chienne lors des simulations préparatoires, puis en vérifiant en permanence le rythme cardiaque de l'animal durant le vol.

En 1960, le deuxième essai est le bon. Spoutnik 5 transporte deux chiens, quarante souris, deux rats et les ramène tous vivants. Ils deviennent les premiers êtres vivants à survivre à un tel voyage et ouvrent très vite la voie aux premiers vols habités. Le 12 avril 1961, le premier homme de l'histoire voyage dans l'espace. Il s'appelle Youri Gagarine, cosmonaute soviétique, et passera 1 heure et 48 minutes en orbite autour de la terre.

Space Mirror Memorial (Astronaut Memorial)

A l'extrémité du parc, bordant une tranquille étendue d'eau, le « Space Mirror Memorial » ou « Astronaut Memorial » rend hommage à celles et ceux qui ont perdu la vie dans la conquête spatiale... et ils sont nombreux. Leurs noms sont gravés dans un bloc de granite haut de presque 13 mètres sur plus de 15 mètres de large. 24 astronautes de la NASA, membres de l'équipage de la Space Shuttle Columbia en 2003, de Challenger en 1986 ou d'Apollo 1 en 1967. Mais aussi des anonymes, astronautes en formation ou victimes civiles d'accidents impliquant des avions.

Infos en vrac

On situe souvent le centre spatial Kennedy sur la presqu'île de Cape Canaveral. Ce n'est qu'en partie vrai. Les installations de la NASA s'étirent en fait jusqu'à l'île de Merritt (Merritt Island), séparée de Cape Canaveral par une rivière, la Banana River.

Le John F. Kennedy Space Center se situe au cœur de la Côte-est floridienne, surnommée la « Space Coast », à mi-chemin entre les villes de Miami et de Jacksonville.

Le centre spatial couvre une superficie totale de 567 km2. Près de 14'000 personnes y travaillent.

Site officiel : www.kennedyspacecenter.com